Jean-Marie Péjat : J’suis allé plus loin qu’Verdun et la Somme, moi, j’ai pas fait une guerre de fainéants ! Baptiste Talon : Hein ? Qui qu’a fait une guerre de fainéants ? Blaise Poulossière : Oser insulter ceux qu’ont péri sous les obus pendant que d’autres faisaient danser les moukères ! Fils d’garce ! Jean-Marie Péjat : ’Cré bon dieu, vous allez tout de même pas comparer vos bains de boue avec mes turqueries !
Gaston l’automobiliste : Dites-moi, mes braves, vous êtes du pays ? Jean-Marie Péjat : Ben quoi ? Qu’çà peut y foutre ? Blaise Poulossière : C’est des touristes, y doivent faire la Vendée. Baptiste Talon : Y n’ont qu’à la faire en chemin de fer. Avec le train tu prends un billet pour un endroit, t’arrives à c’t’endroit et t’emmerdes personne.
- Alors, pourquoi c’est-y qu’t’à l’heure, t’as pris l’pétardquand l’Blaise et moi, on t’a parlé d’ta femme ? - Vingt dieux d’fumelle !! Si j’étais l’directeur du choléra, y’aurait longtemps qu’è serait morte !
Y’a pas à dire, dans la vie, y faut toujours se fier aux apparences : quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canard, c’est un canard. Et c’qu’est valable pour les canards l’est aussi pour les p’tits merdeux.
- Gendarme, si c’machin-là vous manquait d’respect, prenez votre revolver, tirez-le comme un lapin ! Y’a pas besoin d’permis, c’est d’la destruction ! - Si t’avais fait la guerre là où ça bardait au lieu d’la faire avec les moukhères, tu saurais comment qu’on s’en débarrassait de c’tiot-là, à Verdun… - Oui, mais c’tiot-là, y’était des gendarmes à pied !… Y’a l’homme et l’cycliste !… Qu’y soille gendarme ou curé, un homme en vélo, c’t un homme en vélo !… Seulement ça, c’est des choses qu’échappent… à un fonctionnaire, pis à un touche-eud’bœufs !
Un joueur : Bon, alors, les gars, si on n’trouve rien dans l’jardin, y’a qu’aller fouiller dans le bric-à-brac. Jean-Marie Péjat : Le premier qui s’aventure dans l’entrepôt ou dans les coursives, je l’tire comme un lapin. J’ai un coup de sept à droite, un coup de cinq à gauche. J’vais en faire un doublé d’connards. Baptiste Talon : Mollis pas, Jean- Marie : t’as la loi pour toi.
- Eh bien, méfiez-vous. Parce que si j’vous revois, moi, j’vous écrase. Et puis, j’n’ai pas d’temps à perdre : il faut que j’aille jusqu’à Aizenay. - Si vous y allez aussi vite que j’vous emmerde, pour une fois, vous serez en avance sur l’horaire.
Jean-Marie Péjat : On est perdus, on est perdus : on est égarés. Si seul’ment y faisait nuit. Blaise Poulossière : Ah ben, ça s’rait complet. Jean-Marie Péjat : Hoo, je me repérerais à l’étoile polaire. Blaise Poulossière : Baptiste, fout z’y un coup de pied. Moi, j’ai plus la force. Jean-Marie Péjat : Puis, si l’étoile polaire elle suffit pas, je me repérerai à la mousse des arbres : ça indique l’nord. Baptiste Talon : L’nord, on s’en fout : Gouyette, c’est à l’ouest.
Jean-Marie Péjat : Ah, y’a pas à dire, c’est pratique pour marcher, ton balast ! Baptiste Talon : Mais ! Ç’a pas été fait pour ça… Jean-Marie Péjat : Ben, c’est un tort, pisqu’on y marche ! Seulement ça, les fonctionnaires, y s’en foutent, en dehors de dévorer des budgets ! Baptiste Talon : Ah, si l’progrès t’défrise, t’as qu’à retourner à tes broussailles, ça marchait si bien ! Blaise Poulossière : Nous aurait fait bouffer par les loups, c’tte vieille boussole ! Peuh ! Jean-Marie Péjat : On paye des impôts, ben, pis on a l’droit de rien dire ! Fautsubir !… J’ai connu ça en Turquie, moi, sous Abdel Hamid… Baptiste Talon : Hein ?! Jean-Marie Péjat : Seulement, moi, les Abdel Hamid et pis les… Baptiste Talon, j’ai p’utôt envie d’leur-z-y fout’ au cul un pétard eud’quartorze juillet, comme au Louis XVI ! Vive quatre-vingt neuf !