Kaakook

Personnage - Lya

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Répliques de Lya (5)

Comment te dire maman. C’est plus fort que moi, malgré moi j’peux pas t’écouter. J’ai besoin de te montrer que j’veux pas être ce que t’es. J’voudrais te dire que je t’aime, mais j’refuse ta position, te ressembler. Je peux pas accepter l’inacceptable, de ta relation avec cet homme qui est mon père. J’ten veux d’obéïr toujours, je sais que t’as pas le choix. Mais cette peur que tu transpires j’en veux pas. J’ai besoin de me battre, c’est vital j’ai besoin de ça, l’ouvrir tout le temps sinon rien, vivre sans ça je veux pas, je peux pas, plutôt crever. Mais maman c’est une médaille pour mutilée de guerre qu’il faudrait te remettre. Jamais de ma vie dans l’épreuve de la douleur j’ai vu une femme en passer par autant de positions. J’tai vue à la verticale, à l’horizontale, par terre, sur le ventre, sur le dos, hématome en pleine face, trempée de peur, se cacher dans les chiottes devant l’évier, ensanglantée, crâne ouvert, bouche pendante, menaçante, vouloir se défendre, rapidement allongée, agrippée au pied de table, se faire traîner, un gros trou dans les cheveux, énorme poignée de mèches dans les mains du père, rage montée, genoux en sang, supplier, prier. Courage chèrement payé. Souffrance sans prix, statut de mère durement vécu, préserver, défendre, faire le moins de dégâts possible, pour les autres vies au moins. Mais rester maternelle avant tout. Ah lui l’père ça le dérange pas de te défoncer, ça veut rien dire il peut pas comprendre. Trop encombrant. Jamais soucié par son rôle d’homme. Le semblant de paix, le bonheur qu’on te fait bouffer à l’extérieur, je vois bien que tu t’y fais pas. Je sais que c’est de la dignité devant moi, t’as toujours nié, jamais avoué. Mais seule j’entend les cris de ton cœur devenus trop bruyants. Alors on peut vivre de cette façon comme si ça dérange personne, comme si ton existence a si peu de valeur. Tellement inexorable, tellement rien du tout. Mais tu pourrais crever dans cette incompréhension, crever dans le silence, crever dans l’indifférence générale, crever dans l’idée que toi et tes semblables se courberont toujours et encore. Dure constatation, mais maman même si maintenant ta bouche est close, ta face, ta gueule, ton visage est marqué par le passé. Mais sur ton front se lit que le malheur, la souffrance t’ont traversée. Sous mes yeux ta vie se déroule. Je veux pas collaborer au putain de rôle que père tente de tenir. Tout seul il peut se persuader qu’il a rien fait, il peut se convaincre que c’est pas sa faute, mais moi rien, que dalle. J’arrive pas à gober, j’avalerai rien, j’contribuerai pas, je lui rappellerai. J’y veillerai maman, je t’aime. Je t’aime.

7.93 (19 votes)

Putain même crier, j’arrive plus. J’en ai marre, j’en peux plus, j’étouffe. J’me sens étriquée dans ce monde. C’est pas possible c’qu’on nous balance en pleine face tous les jours. Depuis qu’j’ai ouvert les yeux sur cette putain d’terre, y a toujours cette même puanteur, ce règne, cette sale mentalité, comme si on voyait rien, qu’on ressentait rien, qu’on entendait rien, qu’on pensait rien. Comme si c’était un jeu, mettre un coup dans toute cette merde, faire exploser tout ça. Mais putain, p’pa, qu’est-ce t’as fait pour que Chirine aille se j’ter dans les bras de n’importe qui ? Pourquoi tu lui as refusé les tiens ? Regarde comme elle se sent plus femme, pourquoi tu l’a j’tée quand elle est devenue Femme ? Ta mentalité de merde. À cause de toi, voilà c’que j’ai vu. Mais qu’est-ce qui m’a pris d’aller dans cette putain d’soirée ? Qu’est-ce que j’avais besoin de ramener ma gueule dans ces chiottes ? Qu’est-ce que j’avais envie d’aller danser avec toutes ces filles que j’ne pourrai jamais respecter ? Tous ces squelettes aux seins gonflés, aux bouches enflées qui ne font qu’entretenir cette fausse liberté sexuelle. Faussement choisie, faussement voulue, faussement naturelle, mais même pas le mérite d’être de vrais prostituées. Mais des fausses putes pour satisfaire aux faux mecs, une espèce en voie de développement. Toutes ces connasses qui attendent de trouver des connards qui vont les entretenir toute leur vie comme des poules. Négocier, trouver l’âme qui voudra d’une bouffonne qui est prête à fermer sa gueule tant que le chèque tombe. Trouver un sans cervelle qui viendra chercher sa marchandise, sa putain de poupée.

7.71 (25 votes)

Autour de cette table je revois défiler mes sœurs, mon père, ma mère ensemble ! Tous à pas savoir comment faire avec cette amour trop fort, encombrant étouffant gênant et tellement ancré en nous, un amour jamais prononcé, ingérable incompréhensible, déchirant, une curieuse sorte d’amour enfouit en chacun de nous à essayer de recoller les morceaux, de comprendre ou commence ce gâchis !

7.27 (12 votes)

La première embrouille, première opposition inconsciente à mon père a été avec une poupée. J’avais 9 ans quand mon père a distribué à ma soeur et moi deux poupées barbies. Elle, Chirine, était folle de joie. Elle était fascinée. Elle a embrassé mon père comme son amoureux. Et lui avec gaieté dans les yeux, fierté dans les bras, il l’a accueillie avec joie. Moi j’me suis méfiée, j’ai de suite examiné la poupée de plus près. J’voulais savoir comment c’était foutu à l’intérieur, j’voulais comprendre comment ça marchait. Comprendre la fascination, comprendre le principe d’une poupée. Alors avec soin j’ai démembré la poupée. Tout compris, j’avais tout compris. J’me suis précipitée vers mon père pour lui expliquer c’qui s’passait à l’intérieur d’une poupée, expliquer comment on faisait pour faire marcher une poupée, expliquer le principe d’une poupée. Mon père s’est planté fou de rage devant ma poupée démontée, il a rien voulu entendre, rien. Il est allé s’asseoir en prenant Chirine sur ses genoux et sa poupée bien montée. Ce jour-là, j’ai définitivement rompu avec les poupées. J’avais 13 ans quand ma sœur est devenue comme la poupée qu’mon père avait offerte. Cette année-là, mon père n’a plus aimé les poupées, pas aimé qu’sa fille soit dans un corps de poupée, et pas aimé cette femme qu’était devenue Chirine.

6.96 (13 votes)

- Tu recommences à répondre.
- J’arrêterai de te répondre le jour où tu te comporteras comme un vrai père. T’façon tu peux plus rien faire, t’as plus qu’à faire marcher ton cerveau.

4.62 (3 votes)

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