- Je suis triste. - À cause de papa ? - À cause de tout : penser qu’un jour le soleil va exploser, qu’à chaque anniversaire, on me donne toujours au moins un truc que j’ai déjà, les pauvres qui deviennent obèses parce qu’ils mangent des saletés parce que c’est moins cher, la domestication, et que moi, moi, j’aie un animal domestique, les cauchemars, Windows de Microsoft, les vieux qui n’ont rien à faire de la journée parce que personne ne pense à passer du temps avec eux et qu’ils auraient honte de demander aux gens de passer du temps avec eux, les secrets, les anciens téléphones, que les serveuses chinoises sourient même quand il n’y a rien de drôle ou aucune raison d’être content, et aussi que des Chinois aient des restaurants mexicains mais que jamais aucun Mexicain n’ait un restaurant chinois.
Mon papa me manque encore plus que quand j’ai commencé, alors que le seul intérêt de tout ça, c’était qu’il arrête de me manquer.
Il y a aujourd’hui plus de gens qui vivent sur la terre qu’il y a eu de mort dans toute l’histoire de l’humanité. Mais le nombre de mort augmente sans cesse. Un jour il n’y aura plus assez d’place pour enterrer les gens. Alors pourquoi ne pas construire des grattes ciel, en profondeur, on pourrait les construire en d’sous des grattes ciel pour vivant ! Des grattes ciel qui montent, on pourrait enterrer les gens au centième étage en d’sous et il y aurait tout un monde mort, sous le monde vivant ! Et si on pouvait prendre un ascenseur pour descendre rendre visite aux membres de notre famille qui sont décédés. Comme traverser le pont pour aller voir des amis à Brooklyn.
- J’ai changé le cours de l’histoire de l’humanité ! - Exactement. - J’ai changé l’univers ! - Effectivement. - Je suis Dieu ! - Tu es athée. - J’existe pas !
- J’ai besoin de savoir comment il est mort. - Pourquoi ? - Pour pouvoir arrêter d’inventer sa mort. J’arrête pas d’inventer.