- Quoi, j’ai pas pris de risque, moi ? - Non monsieur ! Parce que quand on a un bon compte en banque et un appartement comme ça, on risque rien ! - Hé, que tu dis ! On risque plus que celui qu’à rien, on risque de les perdre.
Grandgil : Mais, des gens qui n’ont pas plus de conscience que ça, moi, ça me révolte. Saloperie, va ! Je te foutrais tout ça en prison, moi ! Parfaitement, pas de pitié, allez, en prison ! Voyous ! Anarchistes ! Mauvais Français ! Et puis d’abord, vos noms, âge, situation de famille et tout ! Allez hop, déballez ! Hop ! Alfred Couronne : Couronne Alfred, né le vingt-trois septembre quatre-vingt-trois à Aubenas, Ardèche. Et Couronne Lucienne, née Greneil, quarante-neuf ans, sans enfant. Employés à la Halle aux Vins jusqu’en mille neuf cent trente sept. Condamnation, néant. Situation militaire… Grandgil : Suffit, j’en sais déjà trop ! Non mais regarde-moi le mignon là, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise ! Avec du mou partout, du mou, du mou, rien que du mou ! Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière. La gueule en gélatine et saindoux. Trois mentons, les nichons qui déballent sur la brioche. Cinquante ans chacun ! Cent ans pour le lot ! Cent ans de connerie ! Marcel Martin : Où est-ce qu’il va chercher tout ça ? Grandgil : Mais qu’est-ce que vous êtes venus foutre sur terre, nom de dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ?
- C’est amusant ce ramassis de personnages dans un hôtel Louis XV. Très joli, cet hôtel, d’ailleurs. Malheureusement, le vert-de-gris ne va pas très bien avec les boiseries, tu ne trouves pas ? - M’en fous, pfff ! - Centre de police pendant une occupation militaire. Hé, mais, ça valait la peine d’être vu. - Je suis pas curieux. - Bah quoi, qu’est-ce qu’on risque ? - Que tu dis, toi, t’es peut-être peinard, mais moi, allez hop, S. T. O. Service Travail Obligatoire, si t’as entendu parler ? Parce que moi, moi je suis chômeur. - Oh, t’es trop vieux quoi. - Y’a pas d’âge pour être chômeur.
Grandgil : C’est la rue, là, hein ? Jambier : Bah qu’est-ce que vous voulez que ça soit ? Grandgil : Et oui, la rue Poliveau. Marcel Martin : Quoi, la rue Poliveau ? Grandgil : Bah quoi, y’a pas de mal à habiter la rue Poliveau, c’est une gentille petite rue.