- Joan. Réveille-toi. Viens, allez. - Ce que j’ai fait là-bas, si tu le savais, tu ne m’aimerais plus. - Je me fiche de ce que tu as fais, ce n’est pas ce qui compte pour moi, je sais qui tu es.
- Ça va Joan ? - Ça va… - Tu sais tu peux te confier, je ne dis pas tout à mon mari. - Je ne sais plus quoi faire. Ton mari a déjà eu des troubles du comportement après une mission ? - Bien sûr que oui, ils en ont tous. L’ennui c’est que… ça fait parti des choses dont personne ne veut parler. À la télé on voit le retour, la famille qui pleure, tout le monde qui s’embrasse. Mais ça vient plus tard. Quand on se retrouve dans l’intimité. On regarde cette personne qu’on aime et on se rend compte que les années ont passé. Des années qui ne se rattrapent plus. Et on a tous les deux grandis pendant ce temps, évolués, mais chacun de son côté.
- Je le sais que tu t’es tapé d’autres gonzesses, je le sais parce que j’ai passé deux ans à l’étranger, deux ans où t’es resté seul à la maison sur la base avec toutes ces filles qui attendent le retour de leur mari, j’les connais les mecs, des menteurs et des hypocrites qui vont voir ailleurs soit disant à cause de la solitude, mais moi j’t’ai jamais trompé tu m’entends, j’t’ai jamais trompé ! - Joan ! Ça suffit maintenant, allez, calme toi, faut qu’t’arrêtes ! Ok ? T’as aucune raison de croire que je t’ai trompée. Je ne sais pas ce qu’il t’est arrivé là-bas, mais je ne te reconnais plus. Et si tu laisses ta haine prendre le contrôle, c’est clair qu’on va se séparer.
- On peut faire des efforts. - Au stade où on en n’est, ce n’est plus la peine. Je dis ça parce que c’est avec toi que je n’y arrive plus. Je veux rester seule. - Ça ne t’avancera à rien, ça fait deux ans qu’on est seuls. C’est pas la solution. Je vais t’aider à t’en sortir. Hey ! Moi j’y arriverai. J’arriverai à trouver le moyen pour que tu te sentes en sécurité. Il suffit d’un peu de bonne volonté. - Je me réveille en plein milieu de la nuit et mon premier réflexe, c’est d’attraper mon fusil. Mais il n’est pas là, c’est toi qui est là. Je te sens à mes côtés, et de savoir que tu es là ça me rend folle de rage. Je peux pas supporter que mon adorable mari soit là, à côté de moi dans le lit, à la place de mon N4. Désolée, je peux rien y faire.
- J’ai une question à vous posez. - Allez-y. - Au bout de combien de temps les choses redeviennent normales ? - Jamais je le crains, jamais totalement.